Les savants de l’islam ont deux méthodes d’approche pour comprendre les versets équivoques du Qour’an :

a) Les savants des trois premiers siècles (AsSalaf AsSalih), dans la plupart des cas, donnaient une interprétation globale en disant :

  • Nous croyons à ces versets comme étant du Qour’an
  • Ils ont une signification que Dieu connaît et qui Lui convient
  • Nous ne cherchons pas à en connaître le sens, mais nous les rapportons aux versets clairs

L’imam A-chCHafi^iyy, d’une phrase, a expliqué cette méthode en disant :

«Je crois à tout ce qui est venu de Dieu suivant ce que Dieu a voulu; je crois à tout ce qui est venu du Prophète suivant ce que le Prophète a voulu.»

Cependant, certains savants du « Salaf » ont parfois donné une explication aux versets apparemment équivoques. Ainsi, Al-Bayhaqiyy rapporte que l’imam Ahmad a interprété le verset duquel nous comprenons :

«“Wa Ja‘a Rabbouka” ainsi que les Anges, rang par rang.» (Qour’ an 89/22)

Il a dit, pour interpréter “ Wa Ja‘a Rabbouka”, qu’un des effets de la Puissance de Dieu se manifestera et que les Anges se présenteront rang par rang. Ainsi, la traduction littérale qui donne en français : “Et ton Seigneur se présentera (ou viendra) ainsi que les Anges rang par rang” est inacceptable.

Par ailleurs, à propos du verset duquel nous comprenons :

«(. . . ) Chaque chose est anéantissable, mais Son “Wajh” ne le sera pas (. . . ).» (Qour’an 28/88)

Al-Boukhariyy, dans son livre « Sahih« , a dit que « Wajh » ici veut dire Pouvoir. Ainsi, il a interprété le verset en disant que “Chaque chose est anéantissable en soi, mais Son Pouvoir ne subira pas l’anéantissement”. Alors que « Wajh », dans son sens apparent, signifie visage.

b) Quant aux savants du « Khalaf A-sSali » (c’est-à-dire qui sont venus après ceux du Salaf), du fait de la prolifération d’idées philosophiques à leur époque, ils ont été amenés à commenter de manière détaillée les versets apparemment équivoques, afin de protéger la communauté musulmane contre les mauvaises interprétations. Ce faisant, ils ont cherché une signification qui convienne à la langue arabe et qui soit conforme aux versets clairs.

(Il y a deux sortes de versets apparemment équivoques :
1) ceux dont on ne peut connaître l’interprétation, comme ceux qui traitent de l’instant précis de la fin des Temps, ou de la descente du Messie sur Terre, etc. Ces choses-là nous sont cachées; Seul Dieu les connaît.
2) ceux qu’on peut comprendre en les rapportant aux versets clairs. )

Des Exemples De Versets Apparemment Equivoques

Nous comprenons d’un verset du Qour’an :

«(. . . ) vers Lui montent les bonnes paroles (. . . ).» (Qour’an 35/10)

Ce verset signifie que les bons actes et les bonnes paroles seront inscrits dans un endroit du ciel honoré par Dieu.

Ou encore :  «Le Miséricordieux sur le Trône “Istawa”.» (Qour’an 20/5)

Les savants du « Khalaf », partant du principe que Dieu ne ressemble pas à Sa créature, n’ont pris en considération que le sens qui convient à Dieu. Ainsi, on pourra dire : “Le Miséricordieux domine le Trône”. En effet, le Trône est, du point de vue volume et masse, la plus grande créature de Dieu; il constitue le toit du Paradis qui se trouve au-delà du septième ciel, et c’est Dieu qui le maintient dans cette position élevée. Ainsi donc, si le Trône est dominé par Dieu, toute autre chose est, à plus forte raison, également dominée par Dieu.

Toute interprétation du Qour’an qui est en contradiction avec les versets dits de Référence (c’est-à-dire clairs) est inacceptable, et doit être rejetée.

Quoi qu’il en soit, même les versets apparemment équivoques trouvent leur repère dans le Qour’an. Nous devons donc faire preuve de la plus grande prudence à l’égard des soi-disant traductions du Qour’an. En effet la langue arabe, si riche en vocabulaire, présente parfois des multitudes de sens pour un seul et même mot, ainsi que quantité de tournures de phrases qui n’ont pas d’équivalent dans les autres langues. C’est pourquoi la meilleure des explications du Qour’an est contenue dans les Textes (c’est-à-dire le Qour’an lui-même et les Hadith).

N’oublions pas que le Qour’an est un ultime avertissement, en même temps qu’une heureuse annonce des biens éternels. . .